Une langue évolue et les mots qui la composent apparaissent, disparaissent ou changent de sens au fil du temps. De nouveaux termes sont créés pour décrire de nouvelles réalités. Des mots anciens s’adaptent aux changements de la société. Le champ d’un mot s’élargit ou se rétrécit. Il n’est jamais figé et, s’il se fige à un moment de son évolution, ce n’est souvent que pour une période de temps limitée. Et c’est sans compter les significations particulières qu’un mot ou qu’une expression a d’une langue à une autre. Le mot culture n’a évidemment pas échappé à ces réalités. Plus, il a été profondément marqué par les aléas de son histoire.
L’évolution du concept de culture
Le terme colture, première orthographe du mot culture, est apparu au XIIe siècle. Il désignait alors une «terre cultivée
», selon le Dictionnaire de l’Académie française. Il s’est ensuite épelé culture, sous l’influence du latin cultura, vers la fin du siècle suivant. Sa signification s’est élargie pour la première fois puisqu’il s’entendait dorénavant du soin des champs ou du bétail1. Le sens propre du mot en français réfère d’ailleurs toujours à cette idée. La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française associe le terme, dans son sens premier, aux «productions naturelles
»2. Les autres sens, comme c’est d’ailleurs le cas du latin cultura qui a suivi un développement similaire, sont généralement attestés au figuré.
L’évolution du concept est intimement liée aux bouleversements sociaux, économiques et politiques qu’a subis la société3. L’importance de la culture de la terre demeure, mais on cultive aussi son esprit et ses facultés. On distingue alors la culture de la nature4, «la première se caractéris[ant] par l’accession au langage symbolique et articulé, et par la capacité humaine à travailler et à transformer la seconde
»5. La culture est donc le produit de l’homme sur son environnement, le produit d’une activité humaine6. Elle se réfère à une qualité propre à l’homo sapiens qui le différencie des autres espèces capables seulement de réactions viscérales ou instinctives7. Elle correspond à «un processus d’“humanisation”
»8, pour reprendre les mots de Herbert Marcuse.
Selon Bénéton, auteur de l’ouvrage de référence en français sur les notions de culture et de civilisation, le premier usage au sens figuré du terme remonte au milieu du XVIe siècle, alors que le Dictionnaire de l’Académie française ne le mentionne pour la première fois qu’en 1718. Le sens figuré s’était émancipé dans l’usage quelques années auparavant, en 1691, date à laquelle il a été employé pour la première fois d’une manière autonome9. Jusqu’au XVIIIe siècle, le terme demeure en effet le plus souvent accolé à un autre mot afin de préciser la chose cultivée10: la culture des arts, la culture des lettres, la culture des sciences, etc. L’acception moderne et autonome de culture s’est imposée en français au Siècle des Lumières11, bien que seule l’expression «culture des terres
» figure dans l’Encyclopédie12.
La réciprocité des influences… culturelles
Le prestige de la langue française et, dans une moindre mesure, le succès des idées des Lumières françaises et leur diffusion dans les grandes capitales européennes expliqueraient que l’allemand et l’anglais ont emprunté au français le mot culture13. Raymond Williams note que le terme est passé dans la langue anglaise au début du XVe siècle, mais il se limitait alors à tout ce qui était relatif au travail de la terre. La signification du mot s’est ensuite étendue, au début du XVIe siècle, au développement des facultés de l’homme14. En allemand, le terme a fait son apparition à la fin du XVIIIe siècle. Il s’est d’abord épelé Cultur, trahissant l’origine française du mot, puis Kultur à partir du XIXe siècle. La langue allemande utiliserait le mot Kultur dans une acception étroite limitée à la vie religieuse, artistique et intellectuelle15.
Au XIXe siècle, le rayonnement de la philosophie et des lettres allemandes a concouru à l’élargissement de la signification du mot culture en français. Le sens du terme a évolué et ne s’est plus limité au développement intellectuel d’un individu. Culture s’est dotée d’une dimension collective et a renvoyé pareillement au développement d’un groupe, d’une classe ou de la société dans son ensemble16. Elle est devenue proche de civilisation17 et elle reflétait alors l’idée d’une société arrivée à maturité par opposition à des sociétés dites «sauvages
» ou «barbares
»18. Le rapprochement entre les deux termes s’inscrira dans la durée, mais ils reprendront leur autonomie avec l’essor de l’anthropologie qui va marquer le développement du mot culture19.
L’acception large au sens anthropologique du terme
Les chercheurs de toutes les branches des sciences humaines ont dû déterminer l’étendue du mot culture lorsqu’ils ont décidé d’investir ce champ de recherche. Généralement, en sciences, le terme est utilisé dans un sens plus large que dans le langage populaire20. Le sens peut néanmoins différer d’une discipline scientifique à l’autre: en archéologie et en anthropologie culturelle, par exemple, une référence à la culture ou à une culture implique principalement une référence à la production matérielle d’une société, alors qu’en histoire et en études culturelles (cultural studies), on se réfère plutôt aux systèmes symboliques21.
La conception anthropologique a toutefois été déterminante, particulièrement à cause de l’importance de l’anthropologie états-unienne, et elle a durablement influencé le terme culture22. L’anthropologue anglais Edward B. Tylor a offert, dans un ouvrage de référence publié en 1871, une définition qui a marqué l’apparition de la notion de culture comme concept scientifique23: «Culture ou civilisation, pris dans son sens ethnographique étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et toutes les autres aptitudes et habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société.
»24
Cette définition, si souvent reprise et adaptée, est fondatrice d’une conception moderne de la culture. Elle annonce la convergence des significations anthropologique, sociologique et artistique du terme. Williams a affirmé en ce sens que la culture comprend toutes les formes d’activités à caractère social, ainsi que les activités artistiques et intellectuelles25. Ces dernières incluent non seulement les arts traditionnels et les productions intellectuelles, mais également toutes les pratiques significatives telles que la langue, la philosophie, le journalisme, la mode et la publicité.
L’acception anthropologique de culture, comme «mode de vie distinct d’une collectivité
»26, s’est généralement imposée dans la pensée contemporaine occidentale. Claude Lévi-Strauss a d’ailleurs proposé, en 1950, de définir la culture comme «un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion
»27. Denys Cuche confirme que la notion de culture «comprise dans le sens étendu qui renvoie aux modes de vie et de pensée
»28 est largement admise. Plusieurs auteurs et penseurs de la culture empruntent d’ailleurs à l’anthropologie sa conception large du terme29.
L’acception restreinte aux productions artistiques et intellectuelles
Des auteurs proposent de rétrécir le champ du mot culture à sa signification la plus courante, celle d’un nom qui décrit les oeuvres et les pratiques issues d’activités artistiques et intellectuelles30. La culture ainsi envisagée se limite à «son acception restreinte, académique, “cultivée”, qui renvoie aux oeuvres dites culturelles et aux pratiques qui leur sont rattachées
»31, telles que les arts de la scène, les arts visuels, le cinéma, le livre, la musique, la littérature, la peinture, la sculpture, la télévision ou le théâtre.
Essentiellement, la culture dans son acception restreinte renvoie à l’idée de création et de patrimoine. Elle a le sens limité de la production artistique d’une société, «définie et appréciée selon des critères esthétiques
»32. Claude Mollard la synthétise en une «accumulation d’oeuvres d’art et de l’esprit
»33. La culture comprend en somme, comme nous l’avons proposé dans notre thèse de doctorat, «l’ensemble des productions artistiques ou intellectuelles d’une société, qui existent le plus souvent sous une forme esthétique, mais sans s’y limiter
»34.
Ces quelques réflexions sur l’évolution de la notion de culture, qui varie en fonction de l’angle disciplinaire par lequel elle est abordée35, démontrent toute la complexité d’appréhender un terme polysémique. Il convient de conclure des définitions disséminées dans de nombreux articles, documents ou livres qu’il existe autant de conceptions de la culture qu’il y a d’auteurs, de chercheurs, d’écrivains, d’intellectuels ou de penseurs qui se sont penchés sur la question. La liste présentée à la suite de cet article illustre bien ce point de vue et la diversité des définitions existantes.
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Dernière mise à jour: 13 juin 2022
Les définitions de la culture
«La culture, c’est la vie.»
– Neil Bissoondath, Le marché aux illusions – La méprise du multiculturalisme, Montréal, Boréal-Liber, 1995, p. 94.
«La notion de culture, comprise dans le sens étendu, qui renvoie aux modes de vie et de pensée, est aujourd’hui assez largement admise.»
– Denys Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 2004, p. 4.
«La culture [pour les Lumières] est la somme des savoirs accumulés et transmis par l’humanité, considérée comme totalité, au cours de son histoire.»
– Denys Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 2004, p. 9.
«[L]e mot “culture” comprend tout ce qui, dans la vie humaine, n’est pas, par nature, consacré à la reproduction de l’espèce.»
– Augustin Girard, «Politique publique de la culture», in Emmanuel de Waresquiel (dir.), Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959, Paris, CNRS éd./Larousse, 2001, p. 509.
«[L]a culture comprend l’ensemble des productions artistiques ou intellectuelles d’une société, qui existent le plus souvent sous une forme esthétique, mais sans s’y limiter.»
– Louis-Philippe Gratton, Contribution à l’analyse des rapports du droit interne et du droit international en matière culturelle – Étude de droit comparé et de droit international économique, Université Toulouse 1 Capitole, 2016, p. 30.
«[I]l s’agit de l’ensemble des activités sensibles et intellectuelles qui se réfèrent à la recherche du beau, ou à la recherche de la finalité du monde.»
– Bernard Grelon, «Instruments juridiques, droits culturels et diversité culturelle», in François de Bernard, Europe, diversité culturelle et mondialisations, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 47.
«[L]’ensemble des représentations qu’une société élabore sur elle-même et donne à voir aux autres, et qui se manifestent par son particularisme.»
– Bernard Grelon, «Instruments juridiques, droits culturels et diversité culturelle», in François de Bernard, Europe, diversité culturelle et mondialisations, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 47.
«[L]a culture est exactement ce qu’un pays se dit à lui-même, et au sujet de lui-même à d’autre (sic), quel que soit le mode d’expression.»
– Pierre Juneau, «La souveraineté culturelle face au libre-échange – L’attitude de certaines industries américaines témoigne du peu d’égard pour les valeurs d’autrui», Le Devoir, 29 avril 1986, p. 7.
«[L]a notion de “culture” renvoie à une constellation complexe, discontinue et distendue, de signes ayant valeur normative au vu d’une interaction spatio-temporelle entre individus co-existant en une “communauté” identifiable.»
– Pierre Legrand, Le droit comparé, 4e éd., Paris, PUF, 2011, p. 8.
«Toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres.»
– Claude Lévi-Strauss, «Introduction à l’oeuvre de Marcel Mauss», in Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, p. XIX.
«Si la qualité du monde est la matiére de toute culture, la qualité de l’homme en est le but: c’est elle qui la fait, non somme de connaissances, mais héritiére de grandeur; et notre culture artistique, qui sait qu’elle ne peut se limiter à l’affinement le plus subtil de la sensibilité, tâtonne devant les figures, les chants et les poèmes qui sont l’héritage de la plus vieille noblesse du monde – parce qu’elle s’en découvre aujourd’hui la seule héritiére.»
– André Malraux, Les voix du silence, Paris, Galerie de la Pléiade, 1951, p. 638.
«La culture de chacun de nous, c’est la mystérieuse présence, dans sa vie, de ce qui devrait appartenir à la mort.»
– André Malraux, Institut français de New York, 50e anniversaire, New York, 15 mai 1962.
«[L]’invincible permanence de ce qui a triomphé de la mort – ce que nous appelons la culture.»
– André Malraux, Institut français de New York, 50e anniversaire, New York, 15 mai 1962.
«La culture est le plus puissant protecteur du monde libre contre les démons de ses rêves; son plus puissant allié pour mener l’humanité à un rêve digne de l’homme parce qu’elle est l’héritage de la noblesse du monde.»
– André Malraux, Institut français de New York, 50e anniversaire, New York, 15 mai 1962.
«Pour simplifier, ou bien l’ensemble des usines de rêve (cinéma, radio, littérature, etc.) rendra l’humanité asservie aux puissances qui sont derrière ces rêves, ou bien l’humanité choisira dans ce qui a survécu sa part la plus haute, parce que, si la culture a un sens, c’est très simplement la noblesse du monde.»
– André Malraux, Dîner d’État offert par le Premier ministre du Québec, Québec, 11 octobre 1963.
«La culture, c’est l’héritage de la noblesse du monde.»
– André Malraux, Montréal, octobre 1963.
«[U]ne culture n’est pas seulement un ensemble de connaissances, mais aussi l’organisation d’une sensibilité, une transmission et une recréation des valeurs, un héritage particulier de la noblesse du monde.»
– André Malraux, Association internationale des Parlementaires de langue française, assemblée générale, Versailles, 28 septembre 1968.
«Culture: fausse évidence, mot qui semble un, stable, ferme, alors que c’est le mot piège, creux, somnifère, miné, double, traître.»
– Edgar Morin, L’esprit du temps – Nécrose, Paris, B. Grasset, 1975, p. 97.
«Ensemble des faits de civilisation (art, connaissances, coutumes, croyances, lois, morale, techniques, etc.) par lesquels un groupe (société, communauté, groupe social particulier) pense, agit et ressent ses rapports avec la nature, les hommes et l’absolu.»
– Jean-Paul Piriou, Lexique de sciences économiques et sociales, 6e éd., Paris, La Découverte, 2003, p. 34.
«[L]a culture, qu’est-ce que c’est, sinon, un pieux inventaire du passé?»
– Jean Raspail, Le camp des Saints, Paris, Robert Laffont, 2011.
«[L]’ensemble des oeuvres produites par des artistes, rangées dans un patrimoine que chaque génération augmente et fait fructifier.»
– Guy Saez, «Les politiques de la culture», in Madeleine Grawitz et Jean Leca (dir.), Traité de science politique – Les politiques publiques, vol. 4, Paris, PUF, 1985, p. 399.
«En tant que patrimoine, la culture est ce long fleuve qui mène à une génération déterminée d’êtres humains, qui leur transmet des valeurs morales et esthétiques, des idéologies, l’histoire, des codes et des symboles… C’est-à-dire tout un riche patrimoine élaboré par les aînés et que les générations nouvelles reçoivent lorsqu’il existe un point de rencontre possible entre cet apport et le récepteur de cette formidable offrande.»
– Manuel Vázquez Montalbán, «La gauche et la culture», Le Monde diplomatique, janvier 2004, p. 32.
«… réserver le mot “culture” qu’à des manifestations de l’esprit, portées par un sens et pétries d’une intention esthétique.»
– Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Paris, Albin Michel, 2015.
«La culture est l’esprit de finesse des sociétés.»
– Philippe de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Paris, Albin Michel, 2015.
«Le plus large est le sens anglais, anthropologique, qui intègre les oeuvres et les manières de vivre, les styles, les savoir-faire.»
– Dominique Wolton, L’identité culturelle française, face à la mondialisation de la communication, Paris, Académie des sciences morales et politiques, 28 mai 2001, p. 2 de sa communication.
«Le sens français, plus limité, renvoie à l’idée de création, d’oeuvres, de patrimoine, et à l’existence de critères capables de distinguer, dans ce qui se produit et s’échange, ce qui relève de la culture.»
– Dominique Wolton, L’identité culturelle française, face à la mondialisation de la communication, Paris, Académie des sciences morales et politiques, 28 mai 2001, p. 2 de sa communication.
«Ensemble des acquis littéraires, artistiques, artisanaux, techniques, scientifiques, des moeurs, des lois, des institutions, des coutumes, des traditions, des modes de pensée et de vie, des comportements et usages de toute nature, des rites, des mythes et des croyances qui constituent le patrimoine collectif et la personnalité d’un pays, d’un peuple ou d’un groupe de peuples, d’une nation.»
– Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition.
«Ensemble des valeurs, des références intellectuelles et artistiques communes à un groupe donné; état de civilisation d’un groupe humain.»
– Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition.
«La culture est la partie intellectuelle et artistique de l’éducation. C’est le perfectionnement de l’esprit par les arts, les lettres et les sciences.»
– Canada, Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, des lettres et des sciences, Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada – 1949-1951 (1951), p. 7.
«La culture est le visage et l’âme d’un pays, car elle reflète la pensée et la façon d’agir des êtres qui l’habitent.»
– Canada, Parlement, Bibliothèque du Parlement, Direction de la recherche parlementaire, Division des affaires politiques et sociales, Les arts et la politique culturelle canadienne, doc. 93-3F (décembre 1993, révisé le 15 octobre 1999), p. 2.
«Elle est, dans son sens le plus large, l’ensemble des connaissances, de l’expérience, des croyances, des valeurs, des coutumes, des traditions et des institutions distinctives d’une communauté.»
– Canada, Parlement, Bibliothèque du Parlement, Direction de la recherche parlementaire, Division des affaires politiques et sociales, Les arts et la politique culturelle canadienne, doc. 93-3F (décembre 1993, révisé le 15 octobre 1999), p. 2.
«Activité artistique créatrice et les biens et services produits par cette activité, et conservation du patrimoine humain.»
– Canada, Statistique Canada, Culture, tourisme et Centre de la statistique de l’éducation, Cadre canadien pour les statistiques culturelles (2004), p. 9.
«[L]a culture est l’ensemble des traits distinctifs, matériels, intellectuels et spirituels, qui caractérisent une société ou un groupe social.»
– Unesco, Groupe de réflexion en vue de la préparation de la deuxième Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Réflexion sur l’évolution de la notion de culture et des concepts liés au développement culturel et aux politiques culturelles depuis 1970, doc. CC-80/CS.2/Ref.1 (1980), p. 4.
«Sans s’essayer à une définition scientifique ou trop rigide de la culture, les délégués se sont accordés pour entendre celle-ci non plus au sens restreint des belles-lettres, des beaux-arts, de la littérature et de la philosophie, mais comme les traits distinctifs et spécifiques, les modes de pensée et de vie de toute personne et de toute communauté. La culture englobe donc la création artistique ainsi que l’interprétation, l’exécution, la diffusion des oeuvres d’art, la culture physique, les sports et les jeux, les activités de plein air, aussi bien que les modes particulières, par lesquels une société et ses membres expriment leur sentiment de la beauté, de l’harmonie, leur vision du monde autant que leurs modes de création scientifique et technique et la maîtrise de leur environnement naturel.»
– Unesco, Conférence mondiale sur les politiques culturelles, rapport final, doc. CLT/MD/1 (1982), «Rapport général», p. 4.
«[L]a culture [est] considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»
– Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles, préambule, in Unesco, Conférence mondiale sur les politiques culturelles, rapport final, doc. CLT/MD/1 (1982), p. 38.
«La culture devrait être considérée comme un ensemble de traits distinctifs, spirituels et matériels, qui caractérisent une société et un groupe social. Elle englobe la littérature et les arts ainsi que les modes de vie, les systèmes de valeurs, les traditions et les convictions.»
– Union européenne, Commission européenne, Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions relative à un agenda européen de la culture à l’ère de la mondialisation, doc. COM(2007) 242 final (2007).
«[L]e terme “culture” recouvre les valeurs, les croyances, les convictions, les langues, les savoirs et les arts, les traditions, institutions et modes de vie par lesquels une personne ou un groupe exprime son humanité et les significations qu’il donne à son existence et à son développement.»
– Université de Fribourg (Fribourg), Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme, Observatoire de la diversité et des droits culturel, Déclaration de Fribourg (7 mai 2007), art. 2 a).
1 Philippe Bénéton, Histoire de mots: culture et civilisation, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1975, p. 23.
2 Le Trésor de la langue française, entre autres, procède de la même manière – «Traitement du sol en vue de la production agricole
» –, ainsi que Le Petit Robert – «Action de cultiver la terre; ensemble des opérations propres à tirer du sol les végétaux utiles à l’homme et aux animaux domestiques
».
3 Jonathan Friedman, Cultural Identity and Global Process, Londres, Sage, 1994, p. 71.
4 Allan Bloom, The Closing of the American Mind, New York, Simon & Schuster, 1988, p. 185 à 190; et John Tomlinson, Cultural Imperialism – A critical introduction, Londres/New York, Continuum, 2001, p. 23.
5 Michel Oriol, «L’altérité et les différences culturelles», in Carmel Camilleri (dir.), Différence et cultures en Europe, Strasbourg, Éd. du Conseil de l’Europe, 1995, p. 13, 15.
6 André-Hubert Mesnard, Droit et politique de la culture, Paris, PUF, 1990, p. 13.
7 J. Friedman, Cultural Identity and Global Process, op. cit., p. 72.
8 Herbert Marcuse, «Remarques à propos d’une définition de la culture», in H. Marcuse, Culture et société, Paris, Éd. de Minuit, 1980, p. 311, 312.
9 P. Bénéton, Histoire de mots, op. cit., p. 24, 25 et 26.
10 Denys Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 2004, p. 8.
11 P. Bénéton, Histoire de mots, op. cit., p. 24 à 26.
12 Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, t. 4, Paris, Briasson, David, Durand et Le Breton, 1754, p. 552.
13 D. Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, p. 9.
14 Raymond Williams, Keywords – A vocabulary of culture and society, éd. revue et corrigée, New York, OUP, 1985, p. 87.
15 Terry Eagleton, The Idea of Culture, Malden, Blackwell, 2000, p. 9.
16 Thomas Stearns Eliot, Notes Towards the Definition of Culture, Londres, Faber and Faber, 1962, p. 21 à 34.
17 D. Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 13.
18 Edgar Morin, Penser l’Europe, éd. revue et complétée, Paris, Gallimard (coll. Folio/Actuel), 1990, p. 83; et R. Williams, Keywords, op. cit., p. 57 et 59.
19 T. Eagleton, The Idea of Culture, op. cit., p. 9 et 26.
20 Ralph Linton, The Cultural Background of Personality, New York, Appleton-Century-Crofts, 1945, p. 30.
21 R. Williams, Keywords, op. cit., p. 91.
22 D. Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 29.
23 P. Bénéton, Histoire de mots, op. cit., p. 113.
24 Edward B. Tylor, Primitive Culture: Researches into the Development of Mythology, Philosophy, Religion, Art, and Custom, in E. B. Tylor, The Collected Works of Edward Burnett Tylor, vol. 3, Londres, Routledge/Thoemmes Press, 1994, p. 1 (notre traduction).
25 Raymond Williams, Culture, Londres, Fontana Press, 1981, p. 13.
26 J. Tomlinson, Cultural Imperialism, op. cit., p. 5 et 6 (notre traduction).
27 Claude Lévi-Strauss, «Introduction à l’oeuvre de Marcel Mauss», in Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, p. XIX.
28 D. Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 4.
29 Cf. T. S. Eliot, Notes Towards the Definition of Culture, op. cit., p. 120; J. Friedman, Cultural Identity and Global Process, op. cit., p. 72. John Paul Lederach, Preparing for Peace – Conflict transformation across cultures, Syracuse, Syracuse University Press, 1995, p. 9; John Frow, Cultural Studies and Cultural Value, New York, Clarendon Press/Oxford, 1995, p. 3; François Matarasso, «Culture, economics & development», in F. Matarasso (dir.), Recognising Culture – A series of briefing papers on culture and development, Londres, Comedia/Patrimoine canadien/Unesco, 2001, p. 3; Raymond Williams, Culture and Society 1780-1950, Londres, Chatto & Windus, 1958, p. XVI; et Raymond Williams, The Long Revolution, Londres, Chatto & Windus, 1961, p. 41.
30 T. Eagleton, The Idea of Culture, op. cit., p. 21.; et R. Williams, Keywords, op. cit., p. 90. Cf. Esla Forey et Sophie Monnier, Droit de la culture, Paris, Gualino, 2009, p. 15.
31 D. Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, op. cit., p. 6.
32 Alec McHoul et Toby Miller, Popular Culture and Everyday Life, Londres, Sage, 1998, p. 5 (notre traduction). Cf. Toby Miller et George Yúdice, Cultural Policy, Londres, Sage, 2002, p. 1.
33 Claude Mollard, L’ingénierie culturelle, 3e éd., Paris, PUF, 2009, p. 20.
34 Louis-Philippe Gratton, Contribution à l’analyse des rapports du droit interne et du droit international en matière culturelle – Étude de droit comparé et de droit international économique, Université Toulouse 1 Capitole, 2016, p. 30.
35 Jean-Guy Meunier, «Le livre blanc de La politique québécoise du développement culturel – Esquisse critique d’une philosophie de la culture», (1979) 6 Philosophiques 347, 350.