L’État sollicite les entreprises mécènes pour permettre au Musée d’Orsay d’acquérir une toile d’Émile Bernard (1868-1941) d’une valeur de 4 millions €*. L’avis d’appel au mécénat publié au Journal officiel de la République française, le 21 octobre 2018, décrit Les Bretonnes dans la prairie (ou Le pardon) comme une «oeuvre majeure de la modernité picturale» et affirme qu’elle représente un «tournant dans l’histoire de la peinture».

La toile post-impressionniste, peinte en 1888, est une «oeuvre emblématique des recherches artistiques» du peintre français poursuit le document administratif. Il s’agit, selon la ministre de la Culture, du dernier tableau de cette qualité d’Émile Bernard encore en mains privées. Son acquisition permettrait ainsi un «enrichissement considérable» des collections nationales.

Les Bretonnes dans la prairie constitue, toujours selon l’avis ministériel, un «jalon dans le dépassement de l’impressionnisme et un manifeste du synthétisme». Le style développé par Bernard et Paul Gauguin (1848-1903), à Pont-Aven, traduit «une rupture définitive avec l’espace illusionniste» et affirme «une radicalité nouvelle par la brutalité des formes, la schématisation des contours, l’usage des couleurs en aplat [et] les déformations iconoclastes».

Le ministère de la Culture justifie d’ailleurs l’importance des Bretonnes par le lien qui l’unit à La vision après le sermon (ou La lutte de Jacob avec l’ange) de Paul Gauguin. Les deux toiles formeraient «comme un diptyque», explique l’avis. Le chef-d’oeuvre de Gauguin, exposé à la Scottish National Gallery, a en effet été peint dans la foulée de l’huile sur toile que cherche à acquérir l’État grâce au mécénat d’entreprise.

L’appel au mécénat concerne les entreprises imposées à l’impôt sur les sociétés d’après leur bénéfice réel. Elles peuvent obtenir une réduction d’impôt sur les sociétés égale à 90 % des versements qu’elles pourraient effectuer, dans la limite de 50 % de l’impôt dû au titre de l’exercice considéré (Code général des impôts, article 238 bis-0 A).

* La toile a été acquise par le Musée d’Orsay grâce au mécénat exclusif du groupe AXA, a annoncé, le 13 mai 2019, le ministère de la Culture.

Dernière mise à jour: 13 mai 2019

Texte intégral

Avis d’appel au mécénat d’entreprise pour l’acquisition par l’État d’une oeuvre présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national dans le cadre de l’article 238bis 0A du Code général des impôts

La ministre de la Culture informe les entreprises imposées à l’impôt sur les sociétés d’après leur bénéfice réel qu’elles peuvent bénéficier de la réduction d’impôt sur les sociétés prévue à l’article 238 bis 0A du Code général des impôts égale à 90 % des versements qu’elles pourraient effectuer, dans la limite de 50 % de l’impôt dû au titre de l’exercice considéré, en participant à l’acquisition par l’État, pour le Musée d’Orsay, du tableau d’Émile Bernard (1868-1941), Les Bretonnes dans la prairie ou Le Pardon peint en 1888, huile sur toile, 74 x 92 cm, signé et daté en bas à gauche: E Bernard 88.

Oeuvre majeure de la modernité picturale et tournant dans l’histoire de la peinture, le tableau Les Bretonnes dans la prairie ou Le Pardon peint en 1888 par Émile Bernard constitue un jalon dans le dépassement de l’impressionnisme et un manifeste du Synthétisme dont le peintre et Paul Gauguin développent le style à Pont-Aven. Pouvant être rapproché de La vision d’après le Sermon réalisée par Gauguin à la même période avec laquelle le tableau de Bernard forme comme un diptyque, Les Bretonnes dans la prairie ou Le Pardon, œuvre emblématique des recherches artistiques de l’auteur, traduisent une rupture définitive avec l’espace illusionniste et affirment une radicalité nouvelle par la brutalité des formes, la schématisation des contours, l’usage des couleurs en aplat, les déformations iconoclastes, anticipant les voies qu’allaient emprunter la modernité artistique. De provenance prestigieuse, cette œuvre essentielle d’Émile Bernard représente le dernier tableau de l’artiste de cette qualité encore en mains privées dont l’acquisition constituerait un enrichissement considérable pour les collections nationales affectées au Musée d’Orsay.

Le présent avis d’appel au mécénat d’entreprise porte sur 4 000 000 d’euros.

Les offres de versement, établies selon le modèle prévu par l’instruction de la direction générale des impôts 4-C-6-02 n° 184 du 24 octobre 2002, doivent être adressées à la direction générale des patrimoines, service des Musées de France, sous-direction des collections, 6, rue des Pyramides, 75041 Paris Cedex 01, où les dossiers relatifs aux trésors nationaux et œuvres présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national peuvent être consultés par les entreprises intéressées.

Auteur:Louis-Philippe Gratton

J'espère que vous avez trouvé cet article utile et intéressant.

Si vous avez des commentaires ou des questions concernant les domaines de l'art, de la culture, des médias ou de la protection des données, contactez-moi !

Je suis avocat, docteur en droit et consultant en protection des données et vie privée. Consulter le site Services juridiques pour connaître mon expertise et apprendre comment je peux vous aider.