Le ministère de la Culture «a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les oeuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France»1. La principale mission confiée aux ministres qui se sont succédé rue de Valois, l’adresse parisienne du ministère, n’a guère varié depuis la création, en 1959, d’un ministère des Affaires culturelles2. Elle repose essentiellement sur le concept de démocratisation culturelle.

L’atteinte de cet objectif passe aujourd’hui par une politique publique de la donnée3. Le ministère a mis en place une stratégie en matière d’ouverture, de partage et de valorisation des données et des contenus culturels. Elle vise à favoriser la diffusion et la visibilité des contenus culturels, à assurer une plus grande transparence de ses actions en facilitant l’accès à ses données et à dématérialiser ses démarches, procédures administratives et aides financières.

Dans la mise en oeuvre de sa politique culturelle, le ministère est aussi appelé à réduire son empreinte carbone. La culture s’est donc mise à l’heure de la transition écologique, le ministère redéfinissant ses objectifs en tenant compte des enjeux environnementaux: sobriété énergétique et décarbonation, préservation et restauration de la biodiversité, développement de l’économie circulaire et réduction des déchets et des pollutions4.

L’étendue des attributions ministérielles

Le minsitère – et son administration centrale5 – a vu ses attributions s’étendre bien au-delà de la démocratisation de l’accès à la culture au cours des années. De nombreuses autres tâches occupent l’actuel ministre responsable de la culture6, Rachida Dati. Elle conduit d’abord la politique de sauvegarde, de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel, tout en concourant à la création des oeuvres de l’art et de l’esprit.

La ministre assume désormais pleinement la mission économique du ministère et prend en compte l’environnement numérique. Elle assure en effet le développement des industries culturelles et créatives, ainsi que des nouvelles technologies de diffusion de la création et du patrimoine. Elle veille plus particulièrement à la valorisation des contenus et des services culturels numériques.

L’administration culturelle intervient également dans les domaines du spectacle vivant, des arts plastiques, de l’architecture, de la langue française, de la création audiovisuelle, des médias, des fondations et du mécénat. Elle coordonne enfin, depuis avril 2019, la politique nationale visant à identifier et restituer les biens culturels spoliés entre 1933 et 19457.

Les enjeux des affaires culturelles

Si les ministres responsables de la mise en oeuvre de la politique culturelle de la France demeurent des personnages courtisés dans tous les gouvernements, leur poids politique n’est pas toujours à la hauteur de leur importance symbolique. Il varie en fonction de critères tels que la personnalité de l’occupant du Palais royal, siège du ministère, des liens privilégiés qu’il entretient avec le Président de la République ou de la place qu’il occupe dans les cercles du pouvoir parisien.

Il arrive parfois que le ministre soit marginalisé par un conseiller du Premier ministre ou du Président de la République, des conseillers susceptibles de devenir ministre à leur tour8. Ces conseillers – audiovisuel, communication, culture, etc. – jouent parfois un rôle prépondérant dans les arbitrages en matière culturelle. Cette réalité n’explique pas toujours pourquoi certains ministres font un passage à la tête de l’administration culturelle moins remarqué, parfois injustement, comme Jean-Philippe Lecat9, alors que d’autres laissent leur nom à la postérité, comme André Malraux et Jack Lang.

L’histoire des administrations culturelles

Il est généralement admis que le ministère des Affaires culturelles, créé en 1959, constitue la première véritable administration centrale de la culture en France. Le premier gouvernement de la IVe République, celui de Paul Ramadier, comptait pourtant un ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres10. Il est vrai cependant qu’il a été rattaché au ministère de l’Éducation nationale dix mois seulement après sa création11. Il possédait de larges attributions12, bien plus étendues que celles d’André Malraux.

Il s’agit là de la seule expérience d’un ministère autonome consacré à la culture durant la première moitié du XXe siècle. Il faut remonter au XIXe siècle pour retrouver des expériences comparables. À la fin du Second Empire et au début de la IIIe République, l’administration de la culture a connu de courtes périodes d’autonomie avec le ministère des Beaux-Arts13, le ministère des Lettres, Sciences et Beaux-Arts14 et le ministère des Arts15.

Plusieurs personnes ont dirigé l’administration centrale de la culture au cours de ces années. La liste présentée ci-dessous des titulaires du poste, de 1947 à nos jours, met en évidence les différentes appellations du ministère en fonction des gouvernements qui ont présidé aux destinées de la France durant les IVe et Ve Républiques. Les variations éventuelles de ces appellations sont indiquées entre parenthèses et chacun des noms des ministres est suivi de la période durant laquelle il a exercé son mandat.

Dernière mise à jour: 15 janvier 2025

Liste des titulaires du poste

Ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres

Pierre Bourdan (janvier à novembre 1947)

Ministres des Affaires culturelles

André Malraux (janvier 1959 à juin 1969)

Edmond Michelet (juin 1969 à octobre 1970)

André Bettencourt (intérim, octobre 1970 à janvier 1971)

Jacques Duhamel (janvier 1971 à mars 1973)

Maurice Druon (avril 1973 à février 1974)

Alain Peyrefitte (… et de l’Environnement, mars à mai 1974)

Secrétaires d’État à la Culture

Michel Guy (juin 1974 à août 1976)

Françoise Giroud (août 1976 à mars 1977)

Ministres de la Culture

Michel d’Ornano (… et de l’Environnement, mars 1977 à mars 1978)

Jack Lang (mai 1981 à mars 1986)

Jack Lang (ministre de l’Éducation nationale et…, avril 1992 à mars 1993)

Jacques Toubon (… et de la Francophonie, mars 1993 à mai 1995)

Philippe Douste Blazy (mai 1995 à juin 1997)

Françoise Nyssen (mai 2017 à octobre 2018)

Franck Riester (octobre 2018 à juillet 2020)

Roselyne Bachelot-Narquin (juillet 2020-mai 2022)

Rima Abdul-Malak (mai 2022-janvier 2024)

Rachida Dati (depuis janvier 2024)

Ministres de la Culture et de la Communication

Jean-Philippe Lecat (avril 1978 à mars 1981)

Michel d’Ornano (intérim, mars à mai 1981)

François Léotard (mars 1986 à mai 1988)

Jack Lang (mai 1988 à avril 1992)

Catherine Trautmann (juin 1997 à mars 2000)

Catherine Tasca (mars 2000 à mai 2002)

Jean-Jacques Aillagon (mai 2002 à mars 2004)

Renaud Donnedieu de Vabres (mars 2004 à mai 2007)

Christine Albanel (mai 2007 à juin 2009)

Frédéric Mitterrand (juin 2009 à mai 2012)

Aurélie Filippetti (mai 2012 à août 2014)

Fleur Pellerin (août 2014 à février 2016)

Audrey Azoulay (février 2016 à mai 2017)

1 Décret no 2025-24 du 8 janvier 2025 relatif aux attributions du ministre de la Culture, JORF, 9 janvier 2025, texte no 32, art. 1, al. 1.

2 Décret no 59-889 du 24 juillet 1959 portant organisation du ministère chargé des Affaires culturelles, JORF, 26 juillet 1959, p. 7413, art. 1er.

3 Cf. Ministère de la Culture, Feuille de route – Données et contenus culturels – Politique du ministère de la Culture pour la donnée, les algorithmes et les codes sources, 15 septembre 2021, p. 7 à 15; et Premier Ministre, Circulaire n° 6264/SG relative à la politique publique de la donnée, des algorithmes et des codes sources, 27 avril 2021, p. 1.

4 Ministère de la Culture, Transition écologique de la culture – Guide d’orientation et d’inspiration (2023), p. 4.

5 Décret no 2009-1393 du 11 novembre 2009 relatif aux missions et à l’organisation de l’administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication, JORF, 15 novembre 2009, texte n° 17.

6 Décret no 2025-24, op. cit., art. 1 à 5.

7 Décret no 2019-328 du 16 avril 2019 modifiant le décret no 2009-1393 du 11 novembre 2009 relatif aux missions et à l’organisation de l’administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication, JORF, 17 avril 2019, texte no 40.

8 Avant d’être nommée ministre de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay a été conseillère culture et communication au cabinet du président de la République François Hollande (Arrêté du 29 août 2014 portant nomination à la présidence de la République, JORF, 31 août 2014, texte n° 2). Il en va de même pour Rima Abdul-Malak qui a été conseillère culture et communication au cabinet du président de la République Emmanuel Macron (Arrêté du 12 décembre 2019 portant nomination et cessation de fonctions à la présidence de la République, JORF, 13 décembre 2019, texte no 1, art. 1).

9 Françoise Mosser, Entretiens avec Jean-Philippe Lecat – Ministre de la culture et de la communication – 1978-1981, Paris, La Documentation française, 2016.

10 Décret portant nomination des membres du gouvernement, 22 janvier 1947, JORF, 23 janvier 1947, p. 939.

11 Décret no 47-2147 du 12 novembre 1947 transférant au ministre de l’Éducation nationale certaines attributions du ministre de la Jeunesse, des Arts et des Lettres, JORF, 13 novembre 1947, p. 11169.

12 Décret no 47-627 du 5 avril 1947 relatif aux attributions du ministre de la Jeunesse, des Arts et des Lettres, JORF, 6 avril 1947, p. 3280, art. 1er et 3.

13 Décret impérial qui sépare le ministère des Beaux-Arts du ministère de la Maison de l’Empereur, 2 janvier 1870, XIe, Bull. 17, no 390, art. 1er.

14 Décret impérial portant distraction de divers services du ministère de l’Instruction publique pour être placés dans les attributions de celui des beaux-arts, qui prendra le titre de ministère des Lettres, Sciences et Beaux-Arts, 15 mai 1870, XIe, Bull. 1804, no 735.

15 Décret relatif à la création d’un ministère des Arts, 14 novembre 1881, XIIe, Bull. 661, no 163.

Auteur:Louis-Philippe Gratton

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